La chasse au galop,
suivi de
Décompte à deux
Par Tom Toullec
2024/08/06
La chasse au galop
Sans le crier, mais peu après l’avoir pensé, je sus finalement que ces âmes bien nées ne pouvaient en rêver. J’ai souvenir d’un conte où la quête, quant à qui daigne la quérir, fait fi d’une fin plus heureuse que feu son frêle Lupin. L’équilibre et la vie. De mes mains coupables, je jette sur vous la première pierre. Vous qui jamais n’embrasserez ce sentiment palpable, quoiqu’invisible. Omniprésent. Somme toute, sur terre nos pieds gardés, c’est au monde entier que je reprocherai de n’avoir jamais vu un cœur chaviré, une vie basculée, un fol horloger. Ce soir encore, des entailles dans les veines de Morphée.
À l’aube de ce commerce endiablé, les dunes du néant seront ensablées. Sacré marchand. Bonjour, un café, un croissant, un enfant. S’il vous plaît. Et après? Je parierai même que le berger est allemand. Presque huit heures, le château se lève tranquillement. Sourire, photo. Une deuxième, évidemment. Un soleil moqueur peine à assombrir la bonne humeur des bonnes gens. Contrejour. J’aimerais lire sur vos visages une révélation, une évidence, mais rien. Pantoute, c’est sincère. L’ordinaire est un jeu dont je ne maîtrise pas les règles. Je vois l’aveugle sur un pont de singes qui ne tombe jamais. Le filet de sécurité n’a pas tremblé, le mien est percé. Équilibre.
Épris d’un espoir insensé, j’improviserai des vers simples, légèrement vêtus. Ils prêteront à l’unique prétendante de mes mots présomptueux la confiance nécessaire pour ne pas laisser choir la promesse d’un amour nébuleux. C’est la quête avant la messe. Le calice durant la sèche.
J’aurais aimé nous parler de séduction, faire fleurir nos balcons, nous moquer du canapé étouffé par la vieille dame du feuilleton. Et au gré de nos deux écorchées, sœurs alliées et à jamais, je vouerai fidélité en mon âme et conscience à la vôtre bien-aimée. Vie.
Décompte à deux
Accoutumé depuis une de ces Thusalem, je me méfie du guet-apens. Je ne peux blâmer Prudence comme seule coupable, car sa chère sœur, nommée Peur par les lèvres tremblantes des anciens, n’est jamais loin des parages. Ma cigarette valse, rien n’y fait. Monsieur Le Pas ne décide pas toujours d’être le premier.
Voisine. Vous aussi bientôt descendrez ces escaliers sacrés. Sacrés escaliers. Quant à la mouche, errant les murs voûtés de la veuve aimée, je ne peux imaginer qu’elle eut raison de vous piquer. Trêve de présentations, fièvre de descente à l’once. Notre place est à la table onze.
Mes origines reflètent un chemin de vie ne pouvant se travestir en un long fleuve tranquille. Pour preuve, l’océan est Indien. Au loin, j’aperçois le nôtre, criblé de virages insensés qui je le sais, te donneront la nausée. Monsieur Pakapab lé mort san essayé.
Nul fardeau n’est enduré sans être charroyé.
Je le conçois, notre histoire est précipitée, nous ouvrîmes un nouveau livre qui, sans effacer le dernier, nous séduisit d’emblée. Pourvu que la dernière de couverture dise vrai. Le passé n’est pas simple. Par chance, j’entrevoie notre futur. J’entends les anges tisser notre lien, celui que je couvrirai d’amour à chaque instant de nos vies fourvoyées.
— Kafrine, nout dé ou lo san mayé, en zarboutan. —
Tom Toullec