Fictions.


Les heures écoulées

Par Thomas Boivin, le 2 décembre 2024.

« J’ai longtemps travaillé dans les bars. Aujourd’hui, quand j’y retourne, plusieurs effluves me pincent le cœur : celui du tabac sur les manteaux des clients qui viennent de dehors, l’odeur du vermouth dilué dans le fond des verres, celle des verres humides sortant du lave-vaisselle, ou encore celle des limes, que j’ai coupées par centaines. »

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Au bout de l’océan

Par Anne du Château, le 19 novembre 2024.

« Chaque matin, lorsque sonne six heures, Ionas se dirige vers le port de son village côtier afin de
voir si quelques chalutiers auraient besoin de petites retouches de peinture. Il fait ce boulot depuis
toujours et n’a jamais pensé faire autre tâche que celle-ci. Il fait le tour de chaque bateau,
appliquant soigneusement sa peinture, concoction qu’il fabrique fièrement lui-même. La tâche
exécutée, des sous tombent un à un dans sa paume rêche, puis dans ses poches. Il sait son boulot
terminé lorsque celles-ci entament une mélodie avec le gravier, au rythme de ses pas. »

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Mais Julia était partie

Par Stéphane Poirier, le 7 novembre 2024.

« Anders regardait parfois les bâtisses lointaines posées sur la côte rocheuse. Même la plus proche semblait minuscule, perdue dans le lointain. Plus encore quand le ciel était gris ou que la brume drapait son pays. Ces jours-là, les maisons s’effaçaient. Elles disparaissaient du paysage dans un tour de passe-passe. »

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Encarté

Par Marguerite Pogorzelska, le 23 septembre 2024.

« Il m’a montré le porte-carte, tout souriant de m’expliquer qu’il me faudrait de la place pour ma carte bancaire, nécessaire à une vie en solo, mes cartes de fidélité, ma carte d’électeur toute neuve… Tous ces petits compartiments se sont mis à danser devant mes yeux, j’ai eu soudain du mal à respirer, je me suis vu face à un avenir… encarté ! C’était ma première crise d’angoisse. »

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Le nom de la mitraille

Par A. P. A. Delusier, le 10 septembre 2024.

« La nuit dernière me poussa sur la route, au paysage retourné par les tranchées creusées à la force de chars et de bombes, à la force de chairs aussi chauves qu’anonymes. En huit ans de révolution, on avait rien fait d’autre que de labourer des cadavres. Le paysage à travers le pare-brise n’était plus rien que le souvenir d’une époque révolue. »

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Le MA de personne

Par Jules Faulkner Leroux, le 25 août 2024.

« Mettons tout de suite une chose au clair : je ne suis le « ma » de personne. Je n’ai même jamais été le « ma » de mes anciens copains, alors le préretraité de la quincaillerie… on y repassera. Et donc de personne je ne serai le « ma », ni maintenant, ni jamais. »

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Le garçon et le geai bleu

Par A. Muguet, le 18 juin 2024.

« Bien entêté, le petit garçon enfila sa veste et commença à marcher. Il faisait doux et le soleil était jaune comme les narcisses. »

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Buvez-en toutes

Par Anne-Marie Turcotte, le 18 juin 2024.

« La foule regarde l’hostie pointée dans les airs comme une pleine lune. Tous portent ce même regard vitreux de pitié. C’est mon moment. Mamie et Papi comptent sur moi. Je sais ce que je dois faire. 1-2-3…Go ! J’empoigne la clochette. Diiiiing ! »

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