Pays I
Par A. P. A. Delusier.
2025/01/07
La route longue et sinueuse
Le terrassier qui pioche et rejette
La terre sur le bord du sillon
La montagne couverte de sapins et de mélèzes
L’horizon noyé de brume
Les feuilles retombent et s’amassent
Au pied des arbres les passereaux
Lancent une roulade et s’enfuient
Elle allume la lampe elle tire les volets
On cueille des chrysanthèmes dans le jardin
On débouche les bouteilles grises
Elle joue un lent violon elle marche
Sur la pointe des doigts
On raconte des légendes des jours anciens
Elle rabote une planche dans l’atelier
Elle éteint la lampe sur les tombereaux blancs
Elle a rentré les pommes les dernières
Entassées dans le cellier noyées dans leur jus
Elle coupe les tartines pour le soir
Elle étale le ciel jaune
Et franchit la porte pour étendre le linge
L’enfant peut jouer dans le soleil
Les premiers corbeaux volètent
Dans sa direction Il les chasse
La lessive est finie
Les femmes reviennent de l’abîme
Elles étendent les linges les cordes
Sont tendues et les enfants jouent
Entre elles et rient dans le taillis
Le jardinier a arrosé les salades
Les récoltes sont dans la grange
Dans le taillis les oiseaux gazouillent
Les étoiles scintillent dans le ciel
Les femmes sont allées mesurer l’étoffe
Elles ont posé les carreaux sur le châssis
Elles ont coupé le blé des jours
Les casseroles sous la pluie sèchent
Vignes ravagées par l’orage
Les papillons ont disparu des fleurs
Casser du bois et tailler la vigne
Rentrer le bétail et réparer un meuble
Manquer le train et attendre en lisant
Bêcher le jardin et affûter la scie
Siffler le chien et frapper le fer
Le sillon de la terre fend
Le matin l’enfant a mal à la tête
La poupée a un ruban sur son chapeau
De perles
Le père a un journal qui pend de ses mains
Une poire est un fruit sans pépin
Broyée dans sa bouche
Petit Paul prend ses patins à roulettes
Il descend de la maison le chemin rude
Petite Annie à la belle robe
Prend soin des regards
Les feuilles tombent une à une
Sur la belle robe
Petit Paul a peur de descendre à la cave
La grotte forme une arcade de ténèbres
Elle sert d’abri aux ombres mortes
Le coq chante dès la pointe du jour
Le forgeron a des brûlures aux mains
Le facteur porte la lettre
Le fermier a son champ à labourer
Le naufragé regagne le rivage
Où la lune nage
L’enfant rentre de l’école
Il a compris ce qu’a dit le maître
Le travail a été fait avec les mains
Il offre des roses à sa mère
Qu’il a cueillies dans la bretèche
Près de la forêt
Le fermier commence à labourer
Dès l’aube et termine à la tombée
Du jour
Il a laissé son livre dans la maison
Le chien rapporte une perdrix
A. P. A. Delusier