La clef de ton chant est au monde
Par Daniel Bahloul Druelle.
2025/01/20
Tu chantes, et de ta bouche sourdre un filet de salive.
Comme la soie d’une araignée prend au piège tes notes de crachat.
L’espace, respire ton air qui fait des sons spatiaux, dans cette nouvelle chanson.
Pour le coup tu chantes faux.
Tu divorces, entre silence et cri, tes paroles sont tes filles en garde alternée.
Elle te manque déjà la clef de ton chant.
À quoi cela rime, tu dois te concentrer sur ta prose.
Elle n’est plus là, laisse tomber la déprime.
Tu n’iras nulle part ailleurs, si tu montes dans les aigus.
Tes graves se feront désirer.
Va donc, on ne sait où, pressentir tes octaves.
Tu dois être désiré par le public, en être son binôme.
Mais la dichotomie du chant doit être entre toi, le chanteur et toi, le chanté.
Pas de souci, ton concert est de concert avec toi-même.
Au diable la musique et l’orchestre, puisqu’il y a accord avec les spectateurs.
Ton objectif est de tenir la note significative.
Tu pourras revendiquer les bravos plus tard.
Ne te soucie pas de savoir si tu es un ténor ou non.
Ta tessiture s’occupe de tout.
Elle arrive toujours à l’heure (pas comme les trains d’aujourd’hui).
Si on te demande un chant grégorien, tu donneras cette réponse énigmatique :
« La literie n’est pas mon domaine, ni le cathodique d’ailleurs ».
Ne cherche plus ce qui est derrière toi et ne pense pas à ce qui est devant toi.
Suit ta playlist, elle est ta création.
L’humanité musicale aime te rassurer en souverain.
Tout ce que tu ne peux pas donner, garde-le pour toi.
Tu seras récompensé par l’amour de tes fans.
Après tout, le public est là pour toi.
C’est à lui de donner, n’est-il pas anonyme ?
Et toi, une star internationale.
Pour les trous de mémoire, pas de souci, tous les fidèles seront tes souffleurs.
Même, ils chanteront durant les deux heures de ton spectacle. Si bien, qu’à la
fin tu n’auras pas chanté autant que tu l’espérais.
C’est l’entracte, l’heure de gloire du bar et du water-closet.
Il y a une moitié du public qui, après avoir uriné, ne se lave pas les mains et ne tire
pas la chasse d’eau. Tes musiciens font un bœuf pour te rappeler en scène.
La foule est en liesse de pouvoir toucher le son de ta voix qui vient des cintres.
Avec toi, c’est la promesse d’une seconde partie Deus ex machina.
L’hystérie des fans monte pendant que tu descends vers le peuple camarade.
Sur l’axis mundi, tu habites la haute humanité rêvée de ton monde charnel.
Il fait lien avec la chorale de la bodhi pour un chant du monde, où toi seul soliste des
êtres éveillés du moksha entre au royaume du poème.
Si la poésie est humanité, l’homme est donc poétique. C’est du pareil au même.
Voici la dernière chanson.
Tu ne feras pas de rappel, tes deux filles sont dans ta loge.
Daniel Bahloul Druelle